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Actualités

Influenza aviaire

Surveillance et prophylaxie de l’influenza aviaire à virus hautement pathogènes

L’Académie Vétérinaire de France,

Rappelant que :

  • les virus de l’influenza aviaire appartiennent au genre Influenzavirus A, dits aussi virus grippaux de type A ; ils sont divisés en sous-types, qui sont caractérisés par leurs antigènes externes H (hémagglutinine) et N (neuraminidase) et sont classés en virus faiblement à hautement pathogènes ;
  • des virus influenza A apathogènes ou faiblement pathogènes infectent en permanence une proportion variable d’oiseaux sauvages de toutes les régions du monde; les individus infectés (et notamment les canards) peuvent transporter ces virus sur de longues distances s’il s’agit de migrateurs ;
  • les virus influenza hautement pathogènes, qui affectent les oiseaux sans nécessairement entraîner leur mort, sont à l’origine d’une maladie très contagieuse par voie intestinale ou respiratoire, éventuellement transmissible à certains mammifères dont l’homme ;
  • les virus influenza présentent une haute plasticité génétique, qui permet notamment des mutations, ou un réassortiment de leurs segments d’acides nucléiques avec ceux d’autres virus grippaux dont ceux de l’homme, éventuellement après passage chez une autre espèce (par exemple le porc) ;
  • ces virus mutants ou réassortants pouvant s’adapter à l’homme seraient susceptibles d’entraîner une pandémie, dont il est actuellement impossible de déterminer le délai d’apparition et la sévérité ;
  • près de 25 épisodes d’influenza aviaire, dus à des virus H5, H7 ou H9 hautement pathogènes ont été officiellement déclarés dans le monde entre 1959 et 2004 ;
  • depuis 2003, de très nombreux épisodes d’infection des volailles par un virus H5N1 hautement pathogène ont été signalés en Asie, dans la région Pacifique et en Europe de l’Est.

Considérant que :

  • le niveau du risque, direct ou indirect, de contamination de l’homme par un virus aviaire mutant ou réassortant étant directement lié au nombre de cas d’influenza aviaire, la meilleure façon de prévenir ce risque est d’assurer un contrôle sanitaire, voire médical, de la maladie chez les oiseaux domestiques ;
  • les effectifs d'Ansériformes (canards, oies) domestiques entretenus en plein air représentent les populations les plus exposées à la contamination par les virus des oiseaux sauvages ; ces derniers peuvent héberger des souches virales peu ou non pathogènes capables d’évoluer par mutation vers des souches hautement pathogènes ;
  • les dispositions de biosécurité actuellement prévues en France en cas de foyers d’influenza aviaire dus à des virus hautement pathogènes font essentiellement appel à des mesures de police sanitaire : confinement des élevages
    • contrôle des mouvements d’animaux
    • mise sous abri des auges et des abreuvoirs
    • destruction des volailles infectées, exposées ou à risque
    • désinfection
  • si une menace grave de diffusion de l’influenza aviaire à virus hautement pathogène survenait, le recours à la vaccination stratégique de certains compartiments d’élevages avicoles devrait être envisagé.

Recommande que :

  • les moyens de dépistage précoce des infections animales par les influenzavirus A soient développés et soutenus par les pouvoirs publics en :
    • dotant le laboratoire de référence français des ressources humaines et financières nécessaires et en favorisant sa collaboration avec les centres nationaux de référence de la grippe,
    • étendant la capacité et les compétences des laboratoires spécialisés dans le domaine du diagnostic et de la prévention de l’influenza aviaire,
    • augmentant le nombre de laboratoires de diagnostic vétérinaire agréés par le ministère de l’agriculture et de la pêche pour la mise en œuvre des tests de détection précoce de l’influenza aviaire sur le terrain,
  • les réseaux de surveillance et d’alerte nationaux et internationaux concernant les élevages avicoles et les oiseaux sauvages migrateurs soient créés là où ils n’existent pas, développés là où ils existent et incités à échanger leurs informations, y compris sur les virus influenza faiblement pathogènes ;
  • les services vétérinaires français soient renforcés dans toutes leurs composantes, en conformité avec les normes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) en matière de qualité et de modalités de surveillance, et notamment que :
    • les plans intégrés de préparation aux situations d'urgence établis par ces services soient dotés des ressources humaines et financières nécessaires et tiennent compte des contraintes propres à chaque type d’élevage en associant tous les acteurs concernés,
    • le maillage territorial de surveillance épidémiologique mis en place en France soit développé et soutenu,
  • soient généralisées les visites sanitaires annuelles effectuées par des vétérinaires dans les élevages de volailles sur le même principe que celles effectuées dans les élevages bovins, afin que les aviculteurs soient informés régulièrement des risques sanitaires pour leur exploitation ;
  • concernant les oiseaux d’élevage (notamment les canards), des recherches spécifiques et pluridisciplinaires soient développées :
    • sur leur infection par les virus influenza,
    • sur leur rôle éventuel dans la pérennité et la diffusion de l’infection,
    • afin de juger du bien fondé de leur vaccination éventuelle au cas où la circulation des virus deviendrait préoccupante,
  • concernant la faune sauvage, la connaissance des zones d’importance nationale pour les oiseaux d’eau soit améliorée et dotée des moyens de cartographie nécessaires ;
  • si les circonstances épidémiologiques l’exigeaient, et dans le respect des textes communautaires, la vaccination préventive de certains élevages (canards prêts à gaver, oiseaux de haute valeur génétique, oiseaux d’élevages de gibier…) soit envisagée avec des vaccins à virus inactivés permettant de reconnaître ultérieurement les oiseaux infectés des oiseaux vaccinés ;
  • les vaccins éventuellement utilisés empêchent l’excrétion virale chez les oiseaux vaccinés et comportent les valences antigéniques H5 et H7 qui existent depuis des décennies dans les populations européennes d’oiseaux sauvages ;
  • les importations d’oiseaux et de leurs produits en provenance de pays infectés restent strictement interdites et rigoureusement surveillées, les fraudes possibles devant être prévenues et sévèrement sanctionnées ;
  • des réponses favorables soient faites aux demandes éventuelles d’expertise des pays infectés ou à risque, soit dans un cadre bilatéral soit sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Avis adopté par l’Académie Vétérinaire de France, lors de sa séance du 2 février 2006, à l’unanimité de ses membres présents

et transmis, le 8 février 2006, à Monsieur le Ministre de l’Agriculture et de la Pêche