L'Académie Vétérinaire de France,
Considérant que :
- Le dernier cas de rage vulpine (du au virus rabique de génotype I) enregistré en France métropolitaine date du mois de décembre 1998, grâce aux opérations de vaccination orale mises en place par le Ministère chargé de l'agriculture. Le pays a été reconnu officiellement indemne en avril 2001.
- Chez certaines espèces de chauves-souris européennes (chiroptères) existent des infections par des virus apparentés au virus de la rage (lyssavirus de génotype 5 et 6).
- La prévalence réelle de la rage dans les populations de chauves-souris ne peut être déterminée avec précision, compte tenu du caractère souvent inapparent de l'infection, des difficultés de capture et d'examen de ces mammifères et de leur statut d'espèces protégées (arrêté interministériel du 17 avril 1981 qui en interdit la capture, le transport, la vente, l'achat ou la destruction).
- Tous les lyssavirus sont potentiellement transmissibles aux autres mammifères dont l'homme, cette transmission pouvant entraîner une infection mortelle en l'absence de traitement spécifique.- Des espèces de chiroptères exotiques ont été importées en France (et en Europe) à partir de pays tiers et ont été reconnues infectées par d'autres types de lyssavirus et par d'autres agents pathogènes exotiques.
- Un cas mortel de rage humaine transmise par une morsure de chiroptère vient d'être signalé en Grande Bretagne.
Recommande que :
- Les travaux de recherche et d'épidémiosurveillance entrepris sur les infections à lyssavirus des chauves-souris soient poursuivis et intensifiés, et dotés des moyens humains et matériels suffisants dans les établissements de recherche spécialisés et avec l'aide des associations de spécialistes bénévoles autorisées.
- Les centres de traitement antirabiques soient régulièrement informés, afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ou traiter les personnes exposées à un risque rabique en se référant par exemple à l'avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France du 8 juin 2001.
- Le public soit correctement informé du risque possible de contamination par morsures de chauves-souris, afin que toute exposition à ce risque soit aussitôt suivie d'une consultation médicale.
- Un effort particulier d'éducation du public soit également entrepris pour développer le respect de toutes les espèces animales sauvages et pour éviter leur capture et leur manipulation.
- Soit totalement interdits l'importation et le commerce, sur le territoire français métropolitain, de chauves-souris en provenance d'autres territoires, hormis dans un but scientifique ou vers des parcs zoologiques spécialisés.
Avis adopté par l'Académie Vétérinaire de France, lors de sa séance du 17 mars 2005, à l'unanimité des membres présents