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Alimentation et élevages : externalités positives CGAAER Rapport n° 23047

Depuis plusieurs millénaires nous avons tissé avec les animaux domestiques des liens de dépendance mutuelle qui ont structuré nos sociétés et nos paysages. Ce lien tend toutefois à se distendre et l’on voit fleurir aujourd’hui les opinions prétendant que l’élevage serait responsable, ou en partie responsable, de multiples désordres climatiques, environnementaux ou de santé publique.......

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Dépassant ces remises en question souvent simplistes ou même caricaturales, ce rapport montre au contraire la nature stratégique de l’élevage, en dehors de toute condamnation a priori ou idéologie réductrice. Il est structuré dans cet objectif en deux parties, la première étudiant les différents sujets liés à l’élevage, la seconde abordant, au travers de 2 grandes controverses, la problématique des discours actuellement portés et proposant une synthèse susceptible de rapprocher les points de vue, voire de réconcilier les parties. La mission a exploré les externalités de l’élevage pour séparer le vrai du faux, hiérarchiser les arguments, et montrer une réalité qui mériterait d’être mieux valorisée ; dans cette perspective, elle aborde en priorité les externalités positives, sans occulter néanmoins certaines réalités ou dérives.

 La mission montre d’abord que le discours incriminant l’impact de l’élevage sur le réchauffement atmosphérique ne doit pas ignorer la différence fondamentale entre le méthane biogène émis par les ruminants, gaz qui relève d’un cycle neutre et rapide, et le méthane additionnel résultant de la consommation de stocks fossiles, dont l’impact climatique s’inscrit au contraire dans le temps long ; l’éventualité d’abaisser de matière très substantielle les émissions par une autre gestion des troupeaux et de leur alimentation, sans pâtir alors des inconvénients qu’entraînerait leur diminution, est un autre élément à prendre compte dans le cadre de cette première problématique.

 Un second débat, portant cette fois sur la nocivité supposée de la viande pour la santé humaine, est tranché par les études scientifiques qui montrent que ce problème n’est pas dû à une surconsommation de protéines animales mais plutôt à une insuffisance de fibres végétales. Le bol alimentaire étant par nature limité, il convient donc d’en rééquilibrer la part animale et la part végétale, de façon à bénéficier de la potentialisation des aliments d’origine végétale par ceux d’origine animale. La mission s’est aussi intéressée à d’autres enjeux. Elle a pointé par exemple l’aberration d’une France où l’élevage diminuerait tandis qu’augmenteraient dans le même temps les importations du pays.

 Elle s’est également penchée sur le rôle de l’élevage en matière de vitalité des territoires et de ses effets sur l’emploi, sur la production de richesses économiques et culturelles, sur la balance commerciale et enfin sur la souveraineté alimentaire de la France. Les conséquences d’un abandon de l’élevage, méconnaissant les progrès déjà engagés, sont explorées par ailleurs du point de vue de la fin concomitante de ses divers apports : recyclage des coproduits de l’agriculture végétale, fertilisation, entretien et valorisation de milieux semi-naturels (zones humides et coupe-feu) et fourniture de ressources pour la bio-économie, pour ne citer que quelques-unes d’entre elles. Les missionnés ont émis enfin des recommandations sur plusieurs sujets :

 - sur la complémentarité entre alimentation animale et végétale et sur la diversité des sources alimentaires, propres à garantir une bonne santé, CGAAER n° 23047 Page 6/97

 - sur le lien à expertiser entre élevage et agriculture biologique, à partir de l’enjeu de la fertilisation des terres, - sur les outils de mesure des empreintes carbone utilisés au niveau national (ADEME et CITEPA), afin de les relier aux outils de progrès du terrain (CAP’2ER) et aux outils internationaux (GFLI), 

- sur l’idée d’un accompagnement zootechnique des éleveurs par les chambres consulaires et les vétérinaires, à partir du constat d’une réduction possible des GES indépendamment de celle des effectifs, 

- sur l’éventualité de rapprocher les filières lait et viande, afin de bénéficier de leur complémentarité et réduire leurs empreintes respectives dans le domaine du carbone. En conclusion, la mission fait remarquer que si la France devait un jour basculer dans le tout végétal, on se presserait d’étudier le moyen de réintroduire l’élevage afin de bénéficier de ses apports nutritionnels, écologiques et socio-économiques. Aussi, son rapport pose-t-il la question ultime de reconnaître enfin et beaucoup mieux ses mérites, et ce bien avant de déplorer sa disparition !

LIRE LE RAPPORT CGAAER 2023 : Perspectives d’avenir des relations élevage et société