Le SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19, est capable d’infecter certaines espèces tandis que d'autres sont naturellement résistantes à ce même virus. Cela définit ainsi son « spectre d'hôtes » et notamment, pour le SARS-CoV-2, les humains, les primates non-humains, les hamsters, les visons, les chats. Depuis le début de la pandémie, les souris et les rats s’étaient révélés résistants au SARS-CoV-2 car leur récepteur ACE2, par lequel le virus entre dans les cellules, est très différent du récepteur humain. Du fait de sa structure, ce récepteur empêche un contact adéquat entre le virus et la cellule et confère une protection à ces animaux. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont montré que les nouveaux variants du SARS-CoV-2 dits « préoccupants » ou VOCs (variants of concern), sont capables, contrairement à la souche historiquement identifiée, d’infecter des modèles animaux en laboratoire.
A la fin de l’année 2020, des variants du SARS-CoV-2 dits « préoccupants » ont été détectés dans plusieurs régions du monde car ils se diffusaient rapidement. Ils font aujourd’hui l’objet d’une surveillance accrue du fait de leur transmissibilité et de leur potentiel échappement à la réponse immunitaire. Ces VOCs identifiés en Grande Bretagne (souche B.1.1.7), en Afrique du Sud (souche B.1.351) ou encore au Brésil (souche P.1) présentent un certain nombre de mutations, dont des changements dans la protéine de spicule (la clé d’entrée qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans les cellules humaines).
Les données obtenues montrent que les VOCs sont naturellement capables d'infecter des souris de laboratoire, contrairement à la souche historique du SARS-CoV-2 initialement identifiée. À ce stade, il n'est pas établi si les VOCs peuvent être transmis de souris infectées à des souris qui n’ont jamais été infectées par le SARS-CoV-2, dites naïves ou à l'Homme, que ce soit par contact étroit ou par aérosol. Cependant, ces résultats démontrent que les VOCs étendent le spectre d'hôtes du SARS-CoV-2 au moins aux souris (en laboratoire ou dans la nature) et éventuellement à d'autres rongeurs.
Ces résultats devraient motiver des évolutions de la surveillance des réservoirs animaux possibles dans une stratégie de santé globale qui vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires, en prenant en compte les liens étroits entre la santé humaine et celle des animaux.
Le Dr. Xavier Montagutelli, premier auteur de ce travail, est membre de l'Académie Vétérinaire de France.