Jusqu'à la survenue du SARS, les coronavirus n'étaient connus chez l'Homme que comme agents de rhumes bénins survenant en période hivernale. En médecine vétérinaire en revanche, il s'agit de pathogènes redoutés qui touchent les animaux de compagnie félins et canins, comme les animaux de rente, et auxquels les élevages payent un lourd tribut économique. Ces virus sont responsables de troubles graves affectant la sphère digestive - en provoquant des diarrhées souvent fatales chez les animaux en bas âge - ou la sphère respiratoire, à l'instar des coronavirus humains. Chez le chat par exemple, une maladie bien connue est la péritonite infectieuse féline, contre laquelle aucun vaccin véritablement efficace n'est disponible. Chez les porcs il existe plusieurs coronaviroses comme la gastroentérite transmissible, ou la diarrhée épidémique porcine, qui sévissent à l'état endémique ou épidémique dans la plupart des pays éleveurs de porcs, en Asie notamment. Chez les volailles, la bronchite infectieuse aviaire est une pathologie que les éleveurs ne peuvent contrôler qu'en ayant recours à des campagnes répétées de vaccination.
De fait, les vétérinaires, situés à l'interface "Homme-Animal-Environnement" oeuvrent pour la santé animale, humaine et environnementale. La surveillance et la gestion sanitaires des populations animales, domestiques et sauvages, est indispensable pour des raisons de santé publique, d'approvisionnement alimentaire,
d'économie de l'élevage et de respect de l'environnement et de la biodiversité. Les services vétérinaires, qui regroupent des acteurs publics et privés, sont considérés par la Banque mondiale comme un bien public international et donc prioritaires en matière d'investissements. Ils doivent répondre aux normes édictées par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Une collaboration étroite des services vétérinaires avec les services médicaux aussi bien en matière de prévention, d'évaluation et de gestion du risque que de recherche est indispensable, dans l'esprit du concept "One Health-Une seule santé" prôné par les organisations internationales.(1)
Si les services vétérinaires français sont reconnus pour leur efficacité, il est nécessaire que tous les systèmes nationaux vétérinaires à travers le monde disposent d'un dispositif de formation de qualité, d'un cadre juridique et d'une législation spécifiques, d'une gouvernance appropriée et des moyens nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire et garantir la santé publique. La solidarité internationale doit être mobilisée pour aider les pays en développement.
De plus, par la recherche vétérinaire, publique et privée, une expertise est apportée dans la connaissance des agents infectieux, y compris des coronavirus animaux, et dans les moyens de les combattre, en particulier par l'élaboration et la production de vaccins utilisés chez les animaux domestiques.
(1) On entend par santé publique vétérinaire l’ensemble des actions qui sont en rapport direct ou indirect avec les animaux, leurs produits et sous-produits, dès lors qu’elles contribuent à la protection, à la conservation et à l’amélioration de la santé de l’Homme, c’est à dire son bien-être, physique, moral et social (définition de l’Académie Vétérinaire de France). La santé publique vétérinaire couvre les champs d’intervention relatifs à la santé et à la protection des animaux, la sécurité sanitaire des aliments et la préservation de l’environnement.