L'Académie Vétérinaire de France,
Considérant :
- que les missions de l'État pour la protection de la santé humaine et animale ne peuvent être assurées que si le diagnostic des maladies animales et zoonoses est effectué systématiquement et correctement;
- qu'après leur mort, la plupart des animaux de rente, particulièrement les ruminants, ne sont généralement plus autopsiés aujourd'hui et sont le plus souvent conduits à l'équarrissage sans que la cause de leur mort ne soit élucidée, pour des motifs essentiellement économiques;
- que, depuis la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), les éleveurs ont une certaine réserve vis-à-vis des maladies réglementées et ne cherchent à connaître la cause exacte de la mort d'un animal que lors de mortalité importante ou en série dans un troupeau;
- que cette mortalité concerne globalement chaque année 200 000 bovins de plus de 24 mois, mais, qu’en raison de la plus grande précocité de l’âge de la réforme, elle concerne des animaux jeunes dont l'état de santé devrait être très bon;
- que la mortalité des veaux et des petits ruminants (ovins, caprins) n’est pas comptabilisée;
- que les vétérinaires praticiens ruraux, s'ils sont avertis, ont la responsabilité d'analyser les facteurs liés à la mortalité de ces animaux et de procéder à des autopsies;
- que les laboratoires, régionaux ou départementaux, à compétence vétérinaire, sont techniquement performants et qu'ils ont fait la preuve dans le passé de leur efficacité dans la lutte contre les maladies réputées contagieuses et les grandes épizooties;
- que ces laboratoires restent le relais essentiel avec les grands organismes nationaux de recherche (Agence française de sécurité sanitaire des aliments, Institut national de la recherche agronomique, Institut Pasteur, Institut national de la santé et de la recherche médicale, Centre national de la recherche scientifique, Réseau des laboratoires de référence, Écoles nationales vétérinaires) dans la recherche sur les maladies animales émergentes et les zoonoses.
Estime en conséquence :
- que les différents acteurs, partenaires de l'élevage et structures sanitaires sont en place et que les compétences de tous sont reconnues;
- que la mortalité brutale sporadique de caprins et d'ovins doit faire, plus particulièrement, l'objet d'analyses pour la recherche des causes réelles de la mort, dans des conditions scientifiques et techniques correctes, malgré la faible valeur relative de ces animaux;
- qu'il faut savoir que ces espèces constituent aussi de petits élevages familiaux ou clandestins, difficilement contrôlables, et de ce fait, potentiellement dangereux;
- que la recherche des causes de mort rapide et/ou brutale des ruminants (grands et petits) en France devrait faire l'objet d'une attention particulière des services sanitaires, notamment au niveau des établissements d'équarrissage, pour les déterminer aussi exactement que possible sans se résigner à un diagnostic de facilité tel que celui d’entérotoxémie ou intoxications;
- que le risque peut-être grand de ne pas découvrir une zoonose grave sporadique ou endémique suffisamment à temps.
L'Académie Vétérinaire de France recommande :
- que les éleveurs aient la responsabilité de signaler les cas de mortalité rapide ou spontanéee des ruminants aux vétérinaires sanitaires,
- que les causes de cette mortalité soient systématiquement recherchées;
- qu'il soit fait appel pour cela à l'expertise des laboratoires d'analyses vétérinaires de proximité ainsi qu'aux organismes de recherche;
- que les collectivités locales soient informées de l'enjeu sanitaire en matière de santé publique vétérinaire;
- qu'un bilan sanitaire annuel national, fondé sur les diverses observations et analyses faites sur les cadavres des ruminants morts dans ces conditions, soit dressé et reconnu comme un suivi nécessaire dans le cadre plus général d'une politique sanitaire française et européenne.
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Avis adopté le 23 novembre 2006